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PROGRAMME DU SOIR
Evening Programme

SRI AUROBINDO NOUS PARLONS DE NAPOLEON

Jean Paul Sermadiras & Tanguy Malik Bordage

Lecture de textes de Sri Aurobindo sur Napoléon et d'un entretien que Maurice Schumann accorda au sujet de sa rencontre avec Sri Aurobindo en Septembre 1947

Il y a 19 ans, lorsque le poète Rabindranath Tagore vint à Pondichéry, Sri Aurobindo rompit son silence pour discuter avec le poète immortel indien. Samedi dernier, lorsque Maurice Schumann, chef de la mission culturelle française déléguée par le gouvernement français et M. Baron, Gouverneur français de Pondichéry, ont visité l'Ashram, Sri Aurobindo a rompu à nouveau son silence et les a reçus pendant trois-quarts d'heures. Sri Aurobindo, au cours de la « plaisante conversation » qu'il tint à ses hôtes, leur déclara que la France était le pays qu'il aimait le plus après son propre pays. Il leur suggéra d'ouvrir une université à Pondichéry qui offrirait la possibilité aux étudiants des quatre coins du monde d'étudier les civilisations aryennes et dravidiennes.

Sri Aurobindo et Napoléon Bonaparte

Sri Aurobindo était un grand philosophe et poète indien avec une grande culture occidentale – il fut un élève brillant de l'Université de Cambridge qu'il intégra en 1889 ; il était également un helléniste et un latiniste accompli. Il avait un intérêt prononcé pour l'histoire de France, en particulier pour la Révolution française et pour Napoléon Bonaparte.

« L'ŒUVRE de Bonaparte fut en tous points admirable. Il est vrai que pour un temps il priva la France de liberté, mais la France n'était pas mûre pour la liberté démocratique. Elle devait faire pendant une période

l'apprentissage de la liberté sous la férule d'un soldat de la Révolution. Jamais Bonaparte n'aurait pu mener à bien sa tâche s'il avait dû s'encombrer d'un parlement en perpétuelle effervescence, exultant dans la victoire, découragé par la défaite. Il lui fallait organiser la Révolution française-pour autant que la terre pouvait alors le supporter – et il ne disposait pour ce faire que de la brève durée d'une vie humaine ordinaire. Il devait aussi sauver la Révolution. Si la France agressa l'Europe, ce fut seulement pour se défendre, car l'Europe n'avait aucune intention de tolérer la Révolution. Il fallait lui enseigner que la Révolution ne signifiait pas l'anarchie, mais une réorganisation tellement plus puissante que l'ordre ancien, qu'un pays ainsi réorganisé pouvait à lui seul conquérir l'Europe unie. Cette tâche, Napoléon l'accomplit magistralement. On a dit que sa politique étrangère avait été un échec, sous prétexte qu'il laissa la France plus petite qu'il ne l'avait trouvée. C'est vrai. Mais Napoléon n'avait pas pour mission d'agrandir la France géographiquement. Il ne vint pas pour la France, mais pour l'humanité; et même dans son échec il servit Dieu et prépara l'avenir. Il fallait que l'équilibre de l'Europe fût perturbé afin que se préparent de nouvelles combinaisons, et les gigantesques campagnes napoléoniennes le perturbèrent irrémédiablement. Napoléon éveilla l'esprit du Nationalisme en Italie, en Allemagne, en Pologne, tout en renforçant la tendance à la formation des grands Empires; or, c'est la fusion harmonieuse du Nationalisme et de l'Empire que l'avenir devra réaliser. Napoléon força l'Europe à accepter la nécessité d'une réorganisation politique et sociale.

 

»— Sri Aurobindo, et l'avenir de la Révolution française

SRI AUROBINDO SPEAKS TO US ABOUT NAPOLEON

Jean Paul Sermadiras & Tanguy Malik Bordage

Reading of texts by Sri Aurobindo on Napoleon and an interview that Maurice Schumann gave on the subject of his meeting with Sri Aurobindo in September 1947

19 years ago, when the poet Rabindranath Tagore came to Pondicherry, Sri Aurobindo broke his silence to meet with the immortal Indian poet. Last Saturday, when Maurice Schumann, head of the French cultural mission delegated by the French government and Mr. Baron, French Governor of Pondicherry, visited the Ashram, Sri Aurobindo broke his silence again and received them for three quarters of hours. Sri Aurobindo, during the “pleasant conversation” he held with his hosts, told them that France was the country he loved most after his own country. He suggested that they open a university in Pondicherry which would provide students from all over the world with the opportunity to study Aryan and Dravidian civilizations.

Sri Aurobindo et Napoléon Bonaparte

Sri Aurobindo was a great Indian philosopher and poet with a great Western culture – he was a brilliant student at the University of Cambridge which he joined in 1889; he was also an accomplished Hellenist and Latinist. He had a pronounced interest in French history, particularly the French Revolution and Napoleon Bonaparte.

“Bonaparte's work was admirable in every way. It is true that for a time he deprived France of freedom, but France was not ripe for democratic freedom. She had to learn freedom for a period under the rule of a soldier of the Revolution. Bonaparte would never have been able to carry out his task successfully if he had had to be encumbered by a parliament in perpetual ferment, exulting in victory, discouraged by defeat. He had to organize the French Revolution - as far as the earth could 

then support it - and he had only the brief span of an ordinary human life to do so. He also had to save the Revolution. If France attacked Europe, it was only to defend itself, because Europe had no intention of tolerating the Revolution. He had to be taught that the Revolution did not mean anarchy, but a re-organization, so much more powerful than the old order, that a country thus reorganized could single-handedly conquer a united Europe. Napoleon accomplished this task masterfully. It was said that his foreign policy had been a failure, on the grounds that he left France smaller than he found it. It's true. But Napoleon's mission was not to expand France geographically. He did not come for France, but for humanity; and even in his failure he served God and prepared for the future. The balance of Europe had to be disrupted so that new combinations could be prepared, and the gigantic Napoleonic campaigns disrupted it irremediably. Napoleon awakened the spirit of Nationalism in Italy, Germany, Poland, while reinforcing the tendency towards the formation of great Empires. However, it is the harmonious fusion of Nationalism and the Empire that the future must achieve. Napoleon forced Europe to accept the need for political and social reorganization.”

 

— Sri Aurobindo, and the future of the French Revolution

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